Lorsque naît le yachting, chaque voilier est unique. Il faut attendre 1891 pour que soit lancée une première tentative de monotype par la Société Nautique de Lorient avec le Morbihan. Les yachtsmen réalisent évidemment rapidement que pour rendre équitable la compétition entre leurs bateaux très différents, il est nécessaire d’édicter un règlement prenant en compte leurs caractéristiques. La division en classes basées sur la seule longueur faisant abstraction de tout autre paramètre régit le classement des premières régates. Ce seul critère s’avère inévitablement insuffisant d’autant plus que chaque société nautique fait son propre choix pour mesurer la longueur : sur le pont, à la flottaison, à hauteur de la quille...
D’autres paramètres viennent rapidement s’immiscer dans la réflexion : largeur, tirant d’eau, voilure… Un grand désordre s’installe, chaque société intégrant dans ses règles de course et de jauge le résultat de la cogitation de ses propres éminents scientifiques. Il est en effet plus que compliqué de pondérer objectivement chacun de ces paramètres.
La multiplicité des jauges qui ont été établies au long des années en est la démonstration. Cette dispersion est peu propice au développement du sport et d’une architecture navale française. Le Yacht Club de France tient alors son rôle de fédérateur.
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Le classement qui suit tente de clarifier une notion peu évidente, celle de jauge :
Aux extrêmes de la notion de jauge on trouve :
- la monotypie stricte : les bateaux sont identiques, le classement des arrivées correspond au classement final. La quasi-totalité des dériveurs de la voile légère d’aujourd’hui rentrent dans cette catégorie. Par chauvinisme, citons, dans une foultitude d’exemples, la série des SL de l’architecte pouliguennais Yves Loday dont est largement pourvue l’école de voile Daniel Gilard du Pouliguen. Le SL 16 a été choisi en 2008 par l’International Sailing Federation (ISAF) comme support du Mondial Junior.
- les bateaux construits « à l’unité ». Dans ce cas il est nécessaire de procéder à la mesure des points définis par la jauge. Après application de la formule de jauge, on tire un coefficient, allégeance ou rating, à partir duquel se calcule le temps compensé. Dans ce cas, le voilier ayant franchi la ligne d’arrivée en tête n’est pas forcément le premier, compliqué à comprendre pour le spectateur profane ! La très grande majorité des bateaux destinés à la course au large sont rangés dans cette catégorie. Les jauges correspondantes récentes sont celles du RORC, de l’IOR, de l’IRC…