Bilan de la voile aux JO de Paris 2024

Le 21/08/2024 0

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L’équipe de France de voile avait pour objectif de faire mieux qu’aux Jeux olympiques de Tokyo en 2020 où elle avait remporté trois médailles. À Marseille, à domicile,  les athlètes visaient au moins quatre médailles. Finalement, elle n’en a obtenu que deux. Lauriane Nolot a décroché l’argent en kitefoil et Sarah Steyaert et Charline Picon ont remporté la médaille de bronze en 49er FX.

En attendant les Jeux Paralympiques, la première phase des JO Paris 2024 est terminée. Quoi qu’on ait pu dire avant, ce fut un bel événement, de magnifiques lieux pour les épreuves et d'excellents résultats pour les sportifs français, une bonne humeur et des sourires dans les rues et dans les transports d’un Paris cosmopolite. Mais bon, pour notre sport, le bilan n’est pas à la hauteur de nos espoirs.

Un verre à moitié vide…

On ne reviendra pas sur le choix du site de Marseille, soit, magnifique mais qui a quand même chagriné pas mal de voileux plus amoureux des côtes de l’Atlantique et de la Manche avec leurs marées, leurs courants, des thermiques plus fiables ...  et peut-être un vent plus régulier. A Marseille, ce furent donc “les jeux olympiques de la pétole….” Le météorologue de l’équipe de France de voile, David Lanier : « On n’est pas surpris. Des champs de pression très faibles l’été, c’est fréquent. Donc les brises thermiques sont très faibles, et on se retrouve avec des vents de cinq à dix nœuds max. Avec la particularité des JO, d’avoir des courses très proches de la terre, la ville de Marseille chauffe beaucoup, donc le vent ne passe pas très bien. Du coup sur le bord de plage ce n’est pas très fort.»

Avec les titres de champions du monde récents de plusieurs athlètes et des présences régulières sur les podiums internationaux, l’équipe de France de voile avait été présentée comme la meilleure jamais sélectionnée aux JO. Mais “La voile est un sport où le milieu naturel joue et là, il n’a pas trop joué en notre faveur mais c’est ainsi. Plus le vent est faible, plus le résultat est ouvert parce que le potentiel technique joue moins », a déclaré Guillaume Chiellino, le directeur technique national.

Philippe Mourniac, directeur de l’Equipe de France : ” Le bilan, il ne faut quand même pas oublier qu’il y a 2 médailles sur les 10 possibles. Donc déjà, il faut féliciter comme il se doit les (...) athlètes qui ont réussi cet exploit, parce qu’obtenir une médaille olympique, ce n'est pas donné à tout le monde. L’autre chose qui est aussi à noter, c 'est que ces jeux marquent un double record, parce que pour la première fois, une athlète française – Charline Picon – obtient trois médailles olympiques sur trois olympiades différentes, et en plus en changeant de support. Maintenant, il ne faut pas se mentir, moi j'ai une profonde tristesse pour l'ensemble des athlètes, parce que je pense que vraiment les résultats dans leur globalité ne correspondent pas à la valeur de tous ces athlètes, tout l'engagement qu'ils ont pu mettre dans le travail, leur préparation. Donc oui, il y a à la fois une grande satisfaction encore une fois pour les médaillés, et une réelle déception pour l'ensemble de l'équipe, mais vraiment pour les athlètes.

... ou un verre à moitié plein...

 

Sarah Steyaert et Charline Picon médaillées de bronze dans la catégorie dériveur double Femmes (49er FX)

Une première pour la barreuse Sarah Steyaert, une habitude pour Charline Picon qui complète sa collection de médailles olympiques après l’Or à Rio (2016) et l’Argent à Tokyo (2021) en planche à voile.

A peine double médaillée, la Rochelaise annonçait alors vouloir changer de support "pour partager ces émotions, et cela ne pouvait être qu'en 49er FX et avec Sarah" ! Sarah Steyaert, spécialiste de la discipline, avait de son côté mis un terme à sa carrière de sportive de haut niveau après avoir participé aux Jeux Olympiques de Pékin (5e), Londres (16e) et Rio (6e). En moins de 3 ans, les "mamas"(ainsi que se sont surnommées ces mères de famille ) se hissent au plus haut niveau mondial et remportent la médaille de bronze des Jeux Olympiques de Paris.

 

Charline Picon et Sarah Steyaert (crédit photo  @SalingEnergy sur le site de

(Crédit photo : @sailingEnergy sur le site de "La Marseillaise)

Sarah Steyaert : C’est incroyable mais il faut se rendre compte du projet. Personne ne croyait en nous. Nous, on s’est accrochées. On y croyait tellement, on a été solide surtout toute cette semaine où on fait un et deux au classement tous les jours. Ce n’était pas possible qu’on puisse passer à côté du podium.

Charline Picon : Il y a eu certains moments de la Préparation Olympique où on était plus que deux à y croire, et encore ! Parfois, ce n’était plus qu’une mais on s’est accroché pour l’autre. On peut être fière de ne pas avoir abandonné et d’être aujourd’hui sur la boîte. On a fait le choix de ne pas faire de prise de masse et de jouer avec nos atouts.

Premières au classement général après les douze régates de séries, la kinésithérapeute et la professeure des écoles, âgées respectivement de 39 et 37 ans, ont pris la sixième place de la Medal Race (*) Charline Picon :  Le bronze fait notre bonheur. Il n’y a pas de problème. L’émotion est la même qu’à Rio pour l’or. Nous, on voulait juste une médaille. On pensait que c’était du petit temps pour la Medal Race (*), on était hyper sûres de nous ce matin et puis le vent est monté plus vite que prévu. Là, on s’est dit qu’il allait falloir jouer notre meilleure partition parce que les conditions sont avantageuses pour nos adversaires. On a entre 10 et 15 kg de moins que les autres, donc forcément, on est moins rapides. On s’est accrochées comme des bêtes et voilà, à l’arrivée Sarah me dit qu’on va être bronzé.”

(*) Course finale pour les médailles pour laquelle seuls les bateaux classés dans les 10 premiers peuvent participer. Pour cette course les points sont doublés.

Lauriane Nolot médaillée d'argent en kitesurf

Lauriane Nolot

(Crédit Photo B. Le Bars/L'Equipe sur le site de l'Equipe)

Lauriane Nolot décroche la médaille d’argent en kitefoil pour ses premiers Jeux. Championne de France de la discipline en 2021, championne d’Europe en 2022, championne du monde et marin de l’année en 2023 avant d’être à nouveau sacrée championne du monde en 2024, Lauriane Nolot  était la grande favorite pour devenir la première championne olympique de l’histoire du kitefoil. En tête du classement avant les Medal Series lui permettant d’accéder à la finale directement avec 2 points, la kitesurfeuse n’a pas caché sa déception de n’obtenir “que” la médaille d’argent. Cela reste en effet une performance remarquable pour sa première participation aux Jeux olympiques à seulement 25 ans.

Lauriane Nolot : Compliqué, le vent nous a joué des tours aujourd’hui. J’ai fait le pari de partir avec ma 21 m² quand l’Anglaise part en 15 m². J’ai vu que sur la première manche elle avait une meilleure vitesse au près que moi. J’étais pas mal toilée avec la 21 m². Je pensais donc aller chercher la 15 et je savais que je pouvais débouler assez vite avec cette taille de kite. Mais après la première manche, quand on a voulu rentrer pour changer d’aile - on était toute en 21 m² sauf l’Anglaise - il n’y avait plus de vent à la plage donc on était condamné à rester au large avec nos grosses voiles. J’ai essayé de passer à un plan B sur la deuxième manche en essayant de ne pas me faire bloquer mais malheureusement je me suis pris une belle refusante en haut à la bouée qui m’a obligé à faire deux manœuvres en plus. C’est décevant mais je pense que je vais réussir à l’apprécier cette médaille.

« Ce plan d’eau est frustrant, mais c’est le jeu des jeux. Sur des championnats du monde, le comité aurait sûrement été plus aidant pour faciliter le changement d’aile. Mais avec la pression des médias, des télévisions, ils ne pouvaient pas plus attendre », en a remis une petite couche son entraîneuse, Ariane Imbert, au moins aussi déçue que sa championne.

… mais aussi, des écrans presque totalement vides

Autre source d’amertume et de frustration, la très faible couverture médiatique de notre sport ; pratiquement aucunes images sur les chaînes du service public. Un article du Télégramme résume parfaitement : Zéro image de voile aux Jeux olympiques de Paris 2024 sur le service public ! La bulle. Le vide intersidéral. Les fans de voile sont complètement sevrés d’épreuves, qui se disputent à Marseille. 

Y a-t-il de la voile aux JO de Paris 2024 ? Sans doute sur une chaîne payante. Et sur le service public ? Le vide absolu, la pétole molle et même lorsqu’un équipage français dispute une finale et décroche une médaille, comme ce vendredi 2 août 2024, au matin, en 49er FX pour le duo français Charline Picon-Sarah Steyaert. Qui ont intéressé les médias…  Lorsqu’elles ont été demandées en mariage par leur conjoint à l’obtention de leur médaille de bronze ! “

 Ce qu’en disent les athlètes : « C’est hyper frustrant, énormément de proches nous demandent pourquoi on ne passe pas à la télé. Certains ont même pris l’abonnement, et ne nous voient pas. On fait du kite, un des sports les plus visuels, c’est dommage. Si jeudi il y a enfin des bonnes conditions j’espère qu’enfin ils vont nous filmer et monter du kitesurf », rage un peu Lauriane Nolot.

Ce qu’abonde son compatriote, Axel Mazella : « On comptait vraiment sur ces JO, même au niveau des instances internationales, pour montrer au monde ce qu’est notre sport. Tous les jours devant notre télé on voit tous les sports, mais on n’a pas vu de voile. C’est sûr que s’il y avait du vent, ce serait plus simple. Il y aurait des accords tv pour passer de telle heure à telle heure. Là on part à midi, c’est sans cesse retardé. Il y a trop d’incertitudes. »

 

Sources : articles publiés sur le net par la FFV, Ouest-France et Voiles et Voiliers, Le Télégramme, l’Equipe, 20 minutes, La Marseillaise.

 

Article rédigé par Jean-Luc Richard / Assocation Quai des Voiles / Aout 2024

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